Aurore Bagarry
Images issues de la série Glaciers
Interview Aurore Bagarry
Comment en es-tu venu à ce projet initialement intitulé « Neiges Éternelles » ? Je vois bien une affinité avec les traces laissées par le temps qui passe dans ton travail (Argentine, Louqsor 2030) mais aborder le paysage sous cet angle très documentaire cela me semble être un nouveau chemin pour toi. Qu’en penses-tu ? À l’origine, le premier titre est tiré d’une chanson de Jean-Luc Le Ténia « Je crois, j’espère » où il évoque ses doutes pour avancer dans la vie et je trouve que c’est une métaphore intéressante avec christmas carol creative writing. Il s’agit un peu d’une quête romantique, de s’éprouver, par la marche et par un protocole de prise de vue assez lourd, au paysage. Si la http://ge-ants.com/how-animals-help-humans-essay/ est la dernière marque d’une recherche romantique aujourd’hui, en explorant des terres et des objets qui nous sont inconnus, il me semble important de rejouer aujourd’hui l’exploration étrennée du massif du mont-blanc, de voir comment il est éreinté, aride et toujours violent. La violence se joue ici à un autre niveau: une forme d’inquiétude se dégage de ces formes nouvellement visibles d’un paysage en mutation. Aujourd’hui, j’ai choisi le titre « Glaciers » pour me mettre plus en retrait. Ce travail ne cherche pas des points de vue sensationnels, il garde une sorte de frontalité et de douceur. C’est aussi une exploration de la lumière et la couleur, dont le traitement homogène, qui passe aussi par l’utilisation de films et de la chambre, permet de comparer les glaciers, les associer et les parcourir.
Comment s’est mis en place le projet de manière très concrète depuis l’obtention de la bourse du CNAP à cette attention ? Beaucoup de repérages et de marches j’imagine ? De la lecture (ce sujet ne manque pas d’avoir été étudié, photographié, décrit) ? Des rencontres déterminantes ? J’ai dans un premier temps fait quelques images. Ce travail s’est ensuite accompagné de lecture, comme Les observations sur le sentiment de sublime et de beau d’Emmanuel Kant, le roman Cristal de Roche d’Albrecht Aldorfer que m’a offert la photographe Laetitia Donval, le Journal d’un voyage dans les Alpes Bernoise de GWF Hegel, et Résonances romantiques d’Olivier Schefer. Les livres illustrés de mon enfance comme ceux de Samivel sont une grande source d’inspiration. La douceur des autochromes alpins de http://ge-ants.com/cv-writing-service-for-nurses/ est déterminante dans mes choix formels. La rigueur photographique d’Eric Dessert me sert de guide. J’ai étudié la gravure quelques années avec Yvonne Alexieff, ce procédé permet d’apprendre une certaine lenteur, de composer et de décomposer une image.
Le travail à la chambre et en couleur s’est-il imposé d’emblée ? Je me rappelle des tergiversations de Depardon en abordant sa série sur la France, la question doit sûrement se poser à un moment entre pertinence du rendu et aléas divers et variés… Je suis assez timide par rapport à la chambre, cela fait longtemps que je veux en explorer les possibilités. Les glaciers me semblent convenir à cet outil : précis, minutieux, une perspective mono focale, de nombreux détails, peu de contraste et en même temps cet aspect totalement manuel ajoute à l’enjeu du chemin parcouru. Il ne s’agit pas de photographie « snapshot », la lourdeur du procédé enlève le photographe de sa solitude et pousse à être dans un temps plus lent. La question qui accompagne ce travail est : comment plonger le spectateur dans un état contemplatif ? Même si la chambre est technique, on ne peut pas tout maîtriser, et ce sont ces hasards qui sont intéressants et stimulants.
Depardon évoque la difficulté de photographier un sujet « facile » ou proche de lui comme la France. Utiliser la chambre lui permet de se rapprocher d’une démarche photographique du XIXe siècle. La chambre est posée sur un trépied, le corps est plus loin de l’appareil, nous ne sommes plus dans ses images prises sur le « vif » au Leica. Par sa lenteur, la chambre évite pour lui l’écueil d’une image dite « humaniste ».
Quels problèmes se sont posés lors de la réalisation de cette série ? Le problème le plus récurrent était de ne pas tomber dans une logique militante et bien pensante. Il s’agit donc de trouver la distance juste entre le choix du sujet — les glaciers — et un travail de création artistique, autrement dit entre les a priori d’un tel sujet, l’univers qu’il convoque et ce que j’en fais. Ce sont toujours des questions que je me pose. De plus, comme Depardon, je me demande comment renouveler notre regard sur un sujet déjà traité et faisant l’objet de préoccupations actuelles.
Comment as-tu travaillé avec le glaciologue Luc Moreau qui intervient de manière éclairée dans l’ouvrage ? Nous nous sommes rencontrés à la maison forte de Hautetour à creative writing worksheet for grade 6. Dans ce musée, qui a une partie consacrée à la glaciologie, nous avons monté une exposition à la fin de ma résidence là-bas. Par son érudition scientifique, Luc Moreau tisse un lien entre ce lieu et le travail photographique. De plus, la poésie des termes scientifiques et leur précision ouvrent un champ libre à l’imaginaire appartenant à l’univers glacé de la haute montagne. Notamment lorsqu’il étudie la couleur de la glace, sa masse par exemple.
De mon point de vue, l’ouvrage évite l’écueil du manifeste écologique prenant soin de garder une distance avec ce débat. Comment as-tu jonglé avec cet état de fait à savoir le recul des glaciers ? L’élaboration du livre s’est faite avec la graphiste Christine Delaquaize et Françoise Bornstein (de la galerie ma creative writing cardiff) en amont. Nous voulions lui donner une dimension qui oscille entre livre photographique et atlas. Il s’agit d’un travail sur le temps et le parcours. Le temps des glaciers, leur évolution, le temps de la prise de vue, assez lent à la chambre, et le temps du lecteur qui parcourt le livre. La carte, dessinée par Iris Hatzfeld, délimite l’espace d’investigation. Ce livre a une fonction documentaire : les images sont toutes au même format, les textes et les légendes apportent un éclairage esthétique, historique et scientifique. Ce livre a également une approche contemplative car une place importante est laissée aux photographies. Le travail avec les éditeurs d’h’Artpont, Caroline Perreau et Patrice Renard, a donné au livre une forme d’écrin, avec un papier cotonneux à la couleur passée qui évoque les vieux livres de géographie. Ces choix permettent de mettre à distance l’émoi que suscite un tel sujet en essayant de le regarder de différentes façons (documentaire, scientifique, artistique).
Cette étude va-t-elle se poursuivre à présent que tu livres les résultats de 3 ans d’« enquête » ? Oui, je continu encore cet inventaire ! Je ne sais pas encore quand j’arrêterai…
Aurore Bagarry
Images issues de la série Glaciers