Interview Annabelle Folliet
Tu peux me dire comment tu en es venu à cette série, à t’intéresser à la montagne ?
À la base de cette série, il y a une proposition de résidence d’artistes aux Arcs. L’objectif était de créer une exposition conçue comme un parcours d’arts contemporain visible à ski. Ce projet a été imaginé par Alexandre Roccuzzo, jeune commissaire d’exposition. J’ai donc été 2 fois 1 semaine en résidence aux Arcs; malheureusement le projet global n’a pu aboutir. Une nouvelle forme d’exposition est actuellement en pourparler avec les remontés mécaniques et les différents offices du tourismes des Arcs.
Pourquoi les Arcs, c’était un lieu que tu connaissais déjà ou une découverte ? J’imagine qu’en fonction on aborde les choses différemment.
Les Arcs est ma station d’adolescence, on allait là bas tout les dimanches de la saison quand j’étais au lycée, on avait une formule train + forfait depuis Chambéry. C’est donc un domaine que je connais bien par rapport à d’autres stations.
Lorsqu’on m’a proposé le projet de résidences d’Artistes aux Arcs, je me suis dit que c’était un coup du destin!
De plus c’est une station très marquée par l’histoire de l’architecture de montagne. En effet le domaine possède quatre sites (1600, 1800, 1950 et 2000) qui représentent chacuns une période avec des style de bâtiments différents. Arc 1600 mériterai que l’on s’attarde sur son architecture absolue, pensée jusqu’au moindre détail, un véritable bijou! (Cf: ici).
J’ai toujours été intéressée par l’architecture, la structure urbaine d’une ville. Ici, les formes architecturales ressortent d’autant plus car elles ne sont pas noyées dans l’urbain, mais confronté à une nature pelée. Du coup la station des Arcs a été pour moi un terrain de jeux idéal pour faire des photographies!
L’aspect narratif et personnel transparaissaient fortement dans tes séries récentes. Ici c’est plus distancié. Tout du moins rien ne vient s’opposer à l’aspect très formel de l’image ce qui était le cas avec les insertions de textes dans La mémoire du Caméléon. La montagne a imposé son silence ?
Effectivement dans mes dernières séries, l’aspect narratif avait une place importante dans la création de fiction par un décalage que le texte créait avec l’image. Dans La Mémoire du Caméléon, l’image et le texte racontaient deux choses différentes, c’est dans cette confrontation que prenait place l’imaginaire. Pour Arcs, je n’étais pas dans le même besoin. La fiction était déjà présente de façon forte dans le paysage. Dans la série Arcs, j’ai donc essayé de photographier des indices qui se répondent les uns entre les autres et tentent de confondre la station de ski avec la station orbitale. Je pense que l’univers de la station de ski crée un nouveau type de paysage. La science fiction est possible en un tel lieu. Cet espace créé, façonné par l’homme, semble tout droit sorti de visions fantasmées de paysages lunaires. Lorsque tout se couvre de blanc, la station quitte le domaine du terrestre pour entrer dans le spatiale.
Alors oui, la montagne a imposé son silence!
Peut-on voir un lien entre Arcs et les autres séries ? Une idée qui chemine, qui oblique ? Oui je pense qu’il y a un lien évident dans la recherche fictionnelle qui est une partie inhérente de mon travail depuis le début. Il y a aussi un lien dans la façon de faire ces images, dans les cadrages, les choix des objets photographiés, les paysages, l’architecture.